Les syndicats des magistrats de la République Démocratique du Congo (RDC) émettent de sérieuses réserves concernant le déroulement des états généraux de la Justice. Bien qu’ils saluent l’initiative, ils pointent du doigt une « théâtralisation » des travaux qui pourraient compromettre l’atteinte des objectifs escomptés. Cette inquiétude a été exprimée dans un communiqué conjoint signé par plusieurs organisations, dont le Syndicat national autonome des magistrats du Congo (SYNAMAC) et la Justice indépendante (JUSI).
Les syndicats ont relevé plusieurs irrégularités, notamment l’absence du Conseil supérieur de la magistrature et d’autres acteurs majeurs de la justice dans l’organisation des travaux. De plus, la participation massive de plus de 3 500 personnes, majoritairement composée d’étudiants et de militants politiques, soulève des questions sur la pertinence des débats.
Parmi les autres dysfonctionnements, les magistrats dénoncent la faible prise en charge des participants, en particulier ceux des provinces, ainsi que le fonctionnement opaque du secrétariat technique. Ils critiquent également la sélection orientée des intervenants et des thèmes, ainsi que la réduction du temps consacré aux ateliers, limitant ainsi la profondeur des discussions.
Ces Etats généraux visent à évaluer la mise en œuvre de la politique nationale de réforme de la justice et à diagnostiquer les faiblesses du secteur. Ils font suite à ceux de 2015, qui avaient généré 350 recommandations et conduit à l’élaboration d’une Politique nationale de réforme de la justice (PNRJ) pour 2017-2026. Cependant, selon le ministère de la Justice, moins de 1% de ces résolutions ont été appliquées, aggravant ainsi les dysfonctionnements du système judiciaire congolais.
Les syndicats de magistrats appellent à des actions concrètes pour remédier aux failles du secteur et insistent sur la nécessité de réformes véritables pour garantir une justice indépendante et efficace, répondant aux attentes des citoyens congolais.
Dieumerci Matu