RDC : à Butembo,des «mouches soldats noires» élevées pour nourrir les volailles et poissons en moindre coût

Dans une pièce en briques rouges cuites, Amani Kavunga et ses anciens camarades d’université élèvent des mouches.

Leur espèce en pleine multiplication, «des mouches soldats noirs», une variété d’insectes diptères d’origine latino-américaine.

Ce groupe de douze anciens camarades en facultés d’agronomie à l’Université Catholique de Graben développe depuis Août 2022 des larves. Parmi eux, des hommes et des femmes, tous âgés de vingt à vingt huit ans.

À Butembo, ville située sur les hauteurs de la chaîne de montagne des Virunga à l’Est de la République Démocratique du Congo, le corona virus a négativement impacté les activités commerciales et champêtres.

Réputée pour ses activités commerciales depuis le Moyen Orient, cette ville de plus d’un million d’habitants n’a pas survécu à la rareté des aliments importés d’autres pays après la fermeture des frontières du pays.

Parmi les produits en carence, les aliments concentrés pour nourrir les volailles. Cette période là, Amani vu mourir ses cinq cents sujets de poulets en plein élevage. Une énorme perte qui semblait alors briser son rêve de fournir en grande quantité de la viande de poule aux habitants de sa ville.Depuis, il entreprit une recherche pour combler le vide. Une tâche aussi complexe pour lui qui n’avait plus rien en terme des finances. Tout de suite commençait une aventure.

«J’étais révolté par le prix exorbitant des aliments pour les bétails pendant la COVID 19. J’avais cinq cents sujets de poulets de chair que j’avais du mal à nourrir. J’avais beaucoup perdu en terme d’économie », se souvient encore Amani Kavunga.

«Révolté», Amani se lance dans une recherche d’une formulation locale.

Sa démarche vise tout d’abord à « concilier le moindre coût d’achat de l’aliment [des volailles] et sa performance » comparativement aux produits importés de l’Europe.

Pour relever le défi, le groupe initie l’élevage «des mouches soldats noirs», une variété d’insectes diptères d’origine latino-américaine.
La recherche est coûteuse et dure une année.

En République Démocratique du Congo, les laboratoires d’analyses chimiques et agroalimentaires sont rares. Amani et ses compagnons sollicitent le soutien de son ancienne université et obtiennent gain de cause. Toutefois, sa démarche ne s’arrête pas là. Pour s’assurer de la qualité de son innovation, Amani collabore avec l’un de ses amis basé en Ouganda, pays voisin à des centaines des kilomètres de son lieu de travail.

Les résultats sont bons, et bientôt seront mis au profit de son entreprise.

«J’ai eu 51 pourcents de la protéine qui était la vision que j’avais. J’ai effectué un mélange avec des ingrédients locaux, des maïs et autres pour donner un aliment des poulets», raconte-t-il à beninipashe.cd.

L’ère est maintenant à l’expérimentation. Pour s’assurer de l’efficacité de son invention, l’entrepreneur rassemble une trentaine des poussins dans une cage à batterie.

«J’ai apprécié les résultats. J’ai déjà des données comparativement aux aliments importés de la Hollande», témoigne t-il.

Économique et Bio

Face à la montée des prix des aliments des bétails dans la région, la solution semble marcher.
Désormais, pour chaque 10 kilogrammes des produits alimentaires achetés, Amani doit économiser trente pourcents.

«Si pour pour chaque 10 kilogrammes des produits alimentaires pour bétails importés d’Europe il faut débourser huit dollars américains, pour nos produits locaux et bio il faut seulement cinq dollars américains», indique l’ingénieur Amani Kavunga.

Conséquence, un engouement des éleveurs des volailles et poissons s’observe pour l’acquisition de ses produits.

En plus d’un prix abordable, les aliments fabriqués en base des mouches soldats noirs et des produits agricoles locaux sont appréciés pour valeur biologique.

En RDC, des campagnes contre les organismes génétiquement modifiés sont fréquentes. Début Février 2024, le ministère nationale de la santé et l’Office Congolais de Contrôle ont interdit la consommation de la chaire de poule importée de la Suède pour « impropreté de consommation ».

En effet, des analyses ont indiqué qu’une cargaison de la viande importée d’Europe et plus consommée au pays contenait des produits toxiques. La nouvelle a de lors gagné les marchés locaux causant une méfiance des consommateurs.

«C’est ne pas bon de consommer de la viande importée. Ces produits sont souvent mal conservés et peuvent être à la base des cancers», nous confie Justine Mbakwiravyo, nutritionniste et diététicienne de formation basée à Beni.

Face aux moyens financiers limités et besoins des consommateurs, des éleveurs préfèrent des techniques d’élevage presque naturelles. Pour répondre à leurs besoins, Amani vient s’installer trois sites de recherche et d’approvisionnement dans sa ville.

En plus de l’élevage des volailles, le groupe vient d’initier également l’élevage des poissons. À leur tour, ils se nourrissent également des larves crues des mouches soldats noirs.

«Je donne aux poissons des larves fraîches uniquement et c’est très adapté à leur régime alimentaire de tendance carnivore. Ils sont très en joie d’attaquer leur proie vivant et les préfèrent plus que les larves séchées. Pour d’autres poissons, notamment le tilapia et la carpe, les études à menées pour établir des formulations alimentaires en base d’asticots sont encore au placard», se réjouit Amani.

Enfin de vulgariser sa méthode, le groupe des chercheurs vient d’initier des formations à l’intention de la population. En plus de la formation, des étudiants intéressés par l’élevage des mouches soldats noirs pour fourrure sont également acceuillis pour un encadrement nonobstant des moyens financiers et matériels limités.

De retour de Butembo, Benjamin Sivanzire

By Rédaction Rédaction

3 Comments

  • Félicitations chèr ingénieur cousin Amani kavunga et toute l’équipe qui vous tient compagnie suis vraiment fière du résultat que vous nous faites compte tenu de votre recherche scientifique..! Que le bon Dieu vous ajoute plus d’intelligence, sagesse surtout courage…!

  • Nous vous remercions Cher Monsieur Amani avec tous les membres du groupe pour ces activités nobles, palliatives aux problèmes liés à l’élevage et la production des volailles et des poissons à moindre coût dans notre région. Néanmoins nous vous demandons de pouvoir multiplier les stratégies de production afin de satisfaire le besoin en terme de la demande. De ce fait nous vous suggérons :
    – De multiplier les séances de formation dans tous les coins de la région ou du pays,
    – D’implanter d’autres centres de production dans différentes régions ou villes de la RDC.

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