L’Alliance Fleuve Congo dénonce, les Forces Armées de la République Démocratique du Congo répliquent et démentent, l’AFC insiste ; c’est le jeu de ping-pong entre les belligérants et l’armée loyaliste au Nord-Kivu.
Au coeur de la bataille, le contrôle de l’espace aérien au Nord-Kivu où des affrontements entre les combattants du Mouvement du 23 Mars soutenus par le Rwanda et les FARDC soutenues par des milices locales appelées « Wazalendo » se font observer.
Dans un communiqué publié dimanche 25 Août, l’Alliance Fleuve Congo (plateforme politico-militaire dont est membre le M23) a dénoncé la violation de son espace aérien dimanche 25 Août 2024. Pour ka rébellion, « cet acte constitue une violation flagrante du couvre-feu et une provocation inadmissible », a indiqué Lawrence Kanyuka, porte-parole de cette rébellion.
Quelques heures plus tard, les Forces Armées de la République Démocratique du Congo parlent elles d’une tentative « de couvrir à travers les différentes communications de ce dimanche 25 Août, leurs multiples violations du cessez-le-feu en cours ».
Faisant référence aux mauvaises conditions météorologiques dans la provinces depuis deux jours, le porte-parole de la 34 ème région militaire des FARDC a indiqué qu’aucun « aéronef des FARDC ou des partenaires, n’a pu prendre les airs au Nord-Kivu ».
Le Lieutenant-Colonel Ndjike Kaiko Guillaume ajoute que « dans ce même cadre, pour justifier les attaques qu’ils ont lancé ce dimanche sur nos [FARDC Ndlr] positions à Kikubo dans le Territoire de Lubero, ces derniers ont signé en date du 24 Août et mis sur la place publique un communiqué évoquant un déploiement des troupes des FARDC aux alentours des Zones sous leurs contrôles. Il s’agit là encore, d’une manipulation d’opinion ».
« Le M23 considère ses espaces conquis comme un pays »
La dénonciation des combattants du M23 d’une présumée « violation de son territoire » a semé un taulé dans l’opinion congolaise.
D’aucuns s’interrogent sur la qualité de l’Alliance Fleuve Congo de revendiquer un espace aérien dans un pays souverain et ses conséquences.
« S’agit t-il d’une tentative de balkanisation ou d’une stratégie de l’Alliance de distraire l’opinion afin de mener des attaques massives contre les villes de Beni, Butembo et Bunia? », s’interroge un journaliste dont nous gardons l’anonymat basé à Beni. Et d’ajouter,« les FARDC doivent être prudentes sur les risques de débordement par le M23. Vous avez appris la reprise des affrontements dans la localité de Kikubo. C’est un signal fort. Le M23 cherche toujours et de toutes les façons de rendre légitime sa lutte aux yeux de la communauté internationale et veut déborder comme l’armée ukrainienne à Russie. Le M23 considère ses espaces conquis déjà comme un pays ».
Dans un rapport des Nations-Unies, les M23 ont été accusés de brouiller le système de Géolocalisation par Satellite à Goma et ses environs. Une situation qui met à mal la circulation des avions dans la région et met en danger la vie des civils non impliqués militairement dans le conflit.
Des fortes perturbations du signal GPS affectant majoritairement des vols congolais sont de plus en plus rapportées. Une approche qui vise à « diminuer les attaques aériennes du régiment de Kinshasa ».
Benjamin Sivanzire