Beni,le 15 Avril 2024 (Beninipashe)—- Depuis l’occupation des territoires de Masisi et Rutshuru par les rebelles du M23-RDF, les membres de la communauté Hutu sont des principales cibles de ces rebelles auteurs de plusieurs crimes dans cette partie de la province du Nord-Kivu.
Dans un rapport sur la situation sécuritaire de la semaine dernière, la Nouvelle Société Civile de Bukombo dénonce un génocide contre les Hutu perpétrés par ces rebelles généralement Tutsi. Il a avancé un bilan de 58 personnes tuées par ces terroristes. D’après elle, toutes les victimes sont des civils tués dans la chefferie de Bwito. Si les uns sont étranglés, les autres sont brûlés voire décapités.
« Il y a 33 personnes tuées par étrangement, un cas brûlé vif, 5 cas décapités, 10 cas portés disparus et 9 cas d’assassinats » explique Shukuru Sarusanza Kingston président de cette structure citoyenne qui précise que parmi les victimes figurent quatre femmes, une fillette de 5 ans et deux garçons mineurs.
Le silence complice de la communauté internationale
Devant ces cas ourdis de massacres qui visent une seule communauté, cette organisation s’interroge sur la position de la communauté Internationale qui a toujours étalé une préférence marquée sur une seule communauté engagée à perpétrer des massacres contre une population tourmentée avec obstination.
« La communauté internationale doit savoir qu’il y a bien génocide des Hutus ici et doit sortir de son silence complice. Nul n’ignore qu’en 1993, les mêmes gens avaient semé des troubles entre Nande, Hunde et les Hutus jusqu’à déclencher une guerre tribale dites Magrivi et Shenge Hunde qui a causé la perte de nombreuses personnes innocentes » a-t-il déclaré.
Bien que ces rebelles rejettent ces accusations, d’aucuns les rappellent les massacres de Kishishe,et dans d’autres agglomérations généralement occupées par les Hutus. Plusieurs sont considérés et traités comme de FDLR, cette rébellion rwandaise ayant fuit sur le territoire congolais après le génocide au Rwanda.
Du concept génocide
Il convient de souligner qu’un génocide n’est pas qualifié comme tel en raison du nombre de morts, mais sur une analyse juridique de critères définis la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide du 9 décembre 1948 de l’ONU. Cette convention définit qu’un génocide est « commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel ».
De ce fait, l’expression « génocide rwandais » ou en anglais « Rwandan genocide », souvent employée dans les médias et les discours, est considérée comme trop généraliste et polémique car elle masque le groupe ciblé, les Tutsis et les Hutus.
La discrimination rwandaise entre Hutus et Tutsis, qualifiée d’ethniste par des spécialistes, qui a atteint un point culminant en 1994, s’est construite dans un processus historique complexe entre la réalité de la population du Rwanda et la façon dont les colonisateurs d’une part et les divers Rwandais d’autre part, l’ont perçue et expliquée. Dans cette histoire du Rwanda se sont surajoutés de façon déterminante les avantages politiques successifs que ces divers acteurs ont cru pouvoir tirer de cette discrimination, de 1894 (date des premiers contacts entre des Européens et le roi issu des Tutsis du Rwanda) à 1962 (date de l’indépendance du Rwanda), puis jusqu’en 1994 (période dominée par des républiques dites hutu).
Azarias Mokonzi